24                           HISTOIRE DE LA. TAPISSERIE
en encourageant jusqu'à sa mort, arrivée le 27 octobre 1327, les in­dustries qui faisaient la prospérité de l'Artois. Elle tient ainsi une des premières places parmi les princes qui ont le plus contribué à développer l'art.du tapissier.
Grâce aux recherches de M. Pinchart et du. chanoine Dehaisnes, on connaît en grand détail les nombreuses commandes faites par la noble dame aux tapissiers d'Arras ou de Paris. Car c'est un fait digne d'attention et assez peu remarqué jusqu'ici, la comtesse Mahaut s'approvisionnait aussi bien dans les ateliers parisiens que dans.ceux de l'Artois. Les artisans de la capitale étaient donc déjà en lutte avec ces rivaux qui sont restés, dans l'opinion publique, les uniques représentants de la tapisserie au moyen âge.
Il serait sans utilité de relever toutes les mentions recueillies par les auteurs qui se sont occupés des origines de l'industrie textile. La rédaction concise et vague de beaucoup de ces articles laisse planer une complète incertitude sur la nature des tissus en question. Dès 1294, paraissent dans les registres de l'hôtel des comtés de'Flandre des tapis à griffons. S'agit-il de tapisseries pro­prement dites ou d'étoffes décorées d'un dessin régulier? Impos­sible de trancher la question. Les tapis armoriés reviennent fré­quemment sur les comptes des seigneurs de l'Artois et de la Flandre ; mais il est bien difficile de .ranger ces ouvrages indéter­minés parmi les tapisseries de haute ou de basse lice.,
C'est dans un texte daté du 13 octobre 1313 qu'on a constaté pour la première fois la présence du mot haute lice appliqué à une œuvre d'Arras. D'après cet acte : « Ysabiaus .Caurrée, dra-pière, qu'on dit de Halennes » ', donne quittance à Matthieu Cos­set, receveur d'Artois, de la somme de trente neuf livres seize sous parisis, « pour V draps ouvrés en haulte lice, etc., » destinés à l'hôtel de Robert d'Artois, fils de la comtesse de Mahaut. Telle est la pjus ancienne mention connue jusqu'ici de tapisserie de haute lice ayant une origine artésienne.
On.cite bien certaines acquisitions faites par la gouvernante de la province, soit à un certain Jehan, tapissier parisien, en 1308, soit à divers tapissiers d'Arras. Mais, dans les « draps de laine ouvrés de diverses figures », dans les <r draps vermeilles " sans désigna­tion plus précise, ou dans les « tapis de chanvre et de laine » ,
1 C'est-à-dire originaire de Halennes ou Alleines, dans la Somme.